Un besoin d'évasion.

Sujet: Un besoin d'évasion. Mer 22 Oct 2014 - 12:33

Tsukiko regardait le ciel. La jeune fille était allongée sur le toit du lycée. C’était la pause midi, et la jeune fille avait fuit l’atmosphère étouffante de sa classe. Par chance le toit était désert, trop peu de temps c’était écoulé depuis la rentrée pour que les clefs ne soient rependues dans le lycée et le vent trop frais avait fait fuir les autres élèves. Là, elle était seule, elle pouvait respirer à l’aire libre et suivre les mouvements des nuages oisifs. Une légère brise agita sa frange. Tsukiko se redressa alors pour manger son bentô, pensive. Elle connaissait certaine personne de sa classe, enfin de vue et elle avait plus tôt de bon prof, alors pourquoi ressentait-elle se besoin de fuir? Peut être parce qu’elle n’était comme aucun autre élève, qu’aucun d’eux ne pouvait comprendre ce qu’elle dissimulait en elle. Mais cette après midi il en serait autrement à l’Académie, là les élèves pourraient voir qui elle était en réalité. L’an dernier cela c’était plus tôt bien passé (enfin, en même temps elle avait tout fait pour ne pas se faire remarquer, allant jusqu'à s'isoler), mais maintenant les élèves seraient plus expérimentés, plus aptes à la percer à jour. Tsukiko respira un grand coup. Qu’importe après tout, ce n’était pas comme si elle allait les attaquer, donc ils n’auraient aucune raison de lui être hostiles. Du moins elle espérait, elle ne voulait pas revivre la même scène qu’enfant. Une fois son repas fini la jeune fille se leva, elle se mit face au vent et écarta les bras. Un léger sourire se dessina sur son visage d’habitude si impassible. Elle profitant du vent, si éphémère! Profiter de l’instant présent! Dans ce bref instant elle se sentait bien, heureuse. Elle voulu se mettre à chanter, un chant qui s’envolerait dans le vent, aussi bref que lui. Tsukiko allait commencer quand du bruit dans la cage d’escalier l’arrêta. Alors aussi tôt elle remit son masque d'indifférence.

La rentré avait commencé tranquillement. Assise à coté de la fenêtre, Juliet admirait un énorme nuage se trainer paresseusement dans le bleu du ciel de printemps. Elle étouffa un bâillement, jeta un coup d’œil à sa montre, puis retourna dans la contemplation de l’épaisse vapeur blanche qui avait continué sa course de lenteur avec un sourire aux lèvres et les yeux humides. Pourtant, lorsque le professeur se tourna vers eux pour leur souhaiter bon appétit, elle fut l’une des premières à sortir sa petite boite à bento. L’enseignant avait à peine quitté la salle de cour qu’elle s’était déjà retournée pour déjeuner sur la table de sa voisine de derrière et amie. Du coin de l’œil, elle repéra tout de même le départ précipité d’une de leur camarade, Maeda Tsukiko, qui avait prit depuis l’année passé déjà, l’habitude d’éviter tout le monde dès que la cloche sonnait. Elle haussa un sourcil, se remémorant les nombreuses fois où elle avait tenté de parler avec elle, puis reporta son attention sur un deuxième amie qui s’était assise à coté d’elle.

Elle eu beau manger rapidement, la pause déjeuné était toujours beaucoup trop courte au gout de la jeune anglaise. Il lui restait à peine un quart d’heure pour sa cigarette « dessert » du midi. Etrange et bien mauvaise habitude pour une gamine de seize ans, ce n’est pas faux. Surtout au Japon où les ados fumeurs se résumaient surtout aux petits délinquants. Il faut dire que Juliet n’avait pas tout de suite filé droit en arrivant au Japon, petit adolescente perturbée, et elle était vite devenue accro au tabac. Ne lui parlez même pas d’arrêter, ça la met en rogne.

Elle monta les escaliers menant au toit quatre à quatre et n’ayant pas trouvé la clé à son endroit habituel, elle était un peu inquiète de qui elle risquait d’y trouver. Un vent frais s’engouffra dans ses cheveux lorsqu’elle poussa la porte et se retrouva à l’air libre. Puis la porte claqua derrière elle, tandis qu’elle clignait des yeux avec un air étonnée en regardant Maeda Tsukiko, arrêté devant elle d’un air trop raide pour ne pas avoir été prise par surprise. Juliet se disait bien qu’elle avait entendu une voix chantante alors qu’elle montait au toit. Elle la salua un geste de la tête, puis passa à coté d’elle pour aller s’assoir contre le grillage les empêchant de tomber du toit. « Donc c’est ici que tu te caches quand tu veux manger tranquille le midi ? » taquina la jeune fille en sortant une petite boite contenant quelques cigarette et allumettes de sa poche. « Je reconnais que c’est vraiment une bonne planque, personne n’y vient jamais, va comprendre pourquoi ! ». Enfin, elle alluma la cigarette qu’elle avait coincée entre ses lèvres, et aspira une bouffée de nicotine. « Certain disent qu’il s’y passe des choses bizarres, mais je n’y ai jamais vu aucune ombre personnellement. », continua t-elle sur le ton de la conversation, avant de pincer légèrement les lèvres, en se rendant compte qu’elle avait parlé d’ombres à quelqu’un qui ne semblait pas être censé les voir. Jetant un coup d’œil à la lycéenne, elle tenta de faire comme si de rien n’était, comme si son mauvais japonais pouvait excuser ça…

Sujet: Re: Un besoin d'évasion. Sam 14 Mar 2015 - 21:55

Tsukiko regarda la jeune fille. Cela faisait un an qu’elle était dans la même classe, mais comme tout les autres la jeune fille l’avait évitée. Mise à part son nom, Juliet Grant, elle savait juste que la jeune fille aux cheveux rose venait d’Angleterre. Ça ne l’étonna donc pas quand elle la vit sortir un paquet de cigarette de sa poche, Tsukiko savait que l’acte de fumé n’avait pas le même sens dans son pays d’origine. La jeune fille lui posa alors une question sur ses escapades lors des temps de midi, mais Tsukiko garda le silence. Juliet ne sembla pas s’en préoccuper et continua de parler. Puis soudain, dans le monologue de Juliet quelque chose interpella Tsukiko. “Aucune ombre”... Combien y avait-il de chance que ce soit juste une coïncidence, ici, à Seishinshu? Aucune, la jeune fille ne pouvait que parler des ombres que l’Académie chassait. Pourtant elle ne l’avait jamais vu dans les cours de l’après midi. Malgré tout un doute pouvait encore exister…

“Aucune ombre?” demanda-t-elle calmement.

C’était plus une question rhétorique, Tsukiko savait pertinemment de quoi elle parlait, étant un esprit elle même. Mais elle voulait savoir de ce qu’il en était pour Juliet, comment connaissait-elle les ombres, et si cela était un hasard qu’elle lui en parle à elle.
Malgré son calme de façade, froid et ne montrant aucune émotion comme à son habitude, Tsukiko était agitée d’un certain mal à l’aise. Une hypothèse germa dans sa tête, et si c’était une nouvelle chasseresse qui la confondait avec une ombre nuisible?